mercredi 18 décembre 2013

De notre langue

Je n'écris pas bien le français, mais je l'aime. Je suis médiocre en orthographe, en grammaire, malgré un vocabulaire plus étoffé que la moyenne des français. Bref j'aime la langue, j'aime les langues, même si elles ne m'aiment pas.
Ceci étant, est-ce que je veux une simplification alors que ma maîtrise linguistique est plus qu'approximative ? non. Parce que je ne suis pas pour le nivellement par le bas. Parce que lorsque je regarde un documentaire des 60's où l'on interview des jeunes français dans la rue, je me rends bien compte qu'ils s'expriment mille fois mieux que ceux de maintenant.
Alors c'est pas que je suis passéiste, que je suis dans le cétémieuavant, mais ce serait une escroquerie intellectuelle que d'affirmer que le niveau de notre langue maternelle n'est pas en chute libre. La faute à qui, à quoi, je ne sais pas. Tous les autres pays me semblent pas dans notre cas. Mais c'est dramatique.
Je me souviens alors que j'étais encore à la fac, d'un camarade venu des banlieues qui s'extasiait sur le parler des quartiers comme on dit. Où l'on ne dit plus cinéma, ni même ciné, mais "ness" et que c'est super.
Alors oui, la langue française n'étant pas une langue morte, il est normal qu'elle évolue.
Mais non, réduire le nombre de mots du langage de tous les jours, en en réduisant de surcroit le nombre de syllabes, revient à accepter d'oublier de parler, d'articuler, pour ne plus s'exprimer que comme des singes. OU AH BOU GRA. Super.
Mais je ne désigne pas comme coupable que les jeunes des banlieues. Non. Les cols blancs qui usent de termes anglosaxons à la mort-moi-la-bite comme "impacter" au lieu de dire influencer, affecter, engendrer, induire et j'en passe, sont tout aussi coupables de médiocrité verbale. Ils peuvent se foutre de Ségo et de sa bravitude, mais dire impacter sans savoir en exprimer l'idée dans sa langue natale c'est de la merde. Autant dire "truc" ou "stroumphement" à chaque phrase. Voilà.

Maintenant au sujet des disparités de niveau entre les gens, il est évident que lorsque je lis des messages avec des fautes si grosses qu'un enfant de primaire oserait à peine les faire, non seulement ça ne me donne pas l'envie de lire, mais en prime ça fait passer l'auteur pour un con. Clairement. Quitte à passer pour une personne arrogante. Et j'en viens donc à un autre point : trop bien parler, est parfois un inconvénient. En usant d'un langage châtié, même naturellement, l'interlocuteur qui n'y à pas accès peut se sentir insulté. Ainsi, s'il convient de parler justement parmi des cadres, il est préférable inversement de parler comme un illettré dans les quartiers un peu paumés. Et encore, je dis parmi les cadres, mais même parmi eux, il faut prendre garde de ne pas froisser les sensibilités en usant de mots qui laissent à l'interlocuteur une sensation de mal comprendre, et d'être pris pour un sot. Sans parler de la longueur des phrases... je ne le sais que trop bien, mes phrases sont trop longues pour 98,8% des gens et ne sont ni lues ni comprises, alors qu'elles ne me semblent pas si incompréhensibles que cela. Ajoutons quelques mots qui ne sont pas parmi les 500 du langage courant du crétin moyen, et me voilà ni lu ni écouté, encore moins entendu. ( ce qui est une faute de ma part si je ne me mets pas au niveau de mon interlocuteur, certes. )

Ceci étant, ce qui m'inquiète, c'est qu'il semble communément admit dans la pratique, que celui qui s'exprime comme un chef naturel - donc comme modèle, le fait avec peu de mots, des mots simples, des phrases courtes, directes, sans fioriture. Perso je trouve ça naze. Mais faut croire que c'est pas juste une mode, que c'est la base pour se faire obéir : des phrases simplifiées, sans équivoque. Sans même le mot "équivoque" dedans en fait. Sujet, verbe, complément. Quelques centaines de mots tirés des dizaines de dizaines de milliers possibles, pour être bien sûr qu'il n'y ait ni flottement ni zizanie dans les rangs de l'auditoire. Super. T_T

( donc non, il ne faut pas simplifier, sauf à accepter d'emblée de devenir nous-même un jour le tiers monde des pays en voie de développement devenus développés. )

PS : le langage dans sa complexité et sa richesse est la première chose qui nous distingue des autres animaux. Avoir une activité pour être en bonne santé, ou apprendre à programmer sans être foutu de savoir faire du feu et s'exprimer intelligiblement dans sa langue natale, c'est de la merde. Je le dis comme je le pense.
PPS : je laisse à d'autres le soin de développer sur des thèmes comme "on ne peut pas se connaître si on ne sait pas s'exprimer" ou "sans les mots il ne reste que la violence".

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