mardi 31 décembre 2013

Dieudonné

extrait du forum de Kraland Interractif

> Heil
> Salut o/
> Bonsoir.

( ouverture faite par un intervenant qui m'a fait rire )

Cette maigre et maladroite introduction faite,

Dieudonné me fait rire. Pour ses sketchs, ses personnages et leurs interprétations. Ce serait intellectuellement malhonnête d'affirmer que je ne suis pas plus indulgent envers ce qui me fait rire, qu'envers ce que je trouve pas drôle.* D'où cette précision qui me parait importante, car je ne prétends pas être objectif. En revanche je vais dire les choses avec sincérités, sans volonté de provocation ni humour noir.
*pour comparaison, exemple d'humour contestable que je trouve pas drôle ( et qui n'est pas de Dieudo ) : dire "ben mange alors !" à un SDF qui est assis sur le trottoir avec un carton "j'ai faim" entre les genoux.

Voilà.

Précision faite, donc,

Si Dieudonné me fait rire, je ne souscris pour autant pas à toutes ses paroles ni toutes ses démarches hors spectacles, ni même à tous ses choix sur scène. J'ajoute que je n'ai d'ailleurs pas vu "Le Mur".

- Faurisson : Donner la parole à Faurisson sur scène justement, je ne trouve pas ça drôle. Provocateur, certes, mais pas drôle. La démarche aurait été moins ambigüe je crois, en faisant intervenir un petit vieux lui ressemblant de loin. La venue de l'original est plus marquante, mais justement en procédant ainsi la forme phagocyte le fond du prix de l'infréquentabilité, qui est que l'on devrait pouvoir fréquenter qui l'on veut sans subir de procès d'intention. ( ce qui est bien différent du fait d'avoir ou non le droit de donner la parole à qui l'on veut sur scène ).
- Soral & Co. : Suite logique de ce que je viens d'écrire, peut-on reprocher à Dieudonné les propos de Soral, de Jean-Marie ou d'autres ? Peut-on lui reprocher d'être ami avec eux ? Je considère que l'amitié ne se résume pas au fait de partager un même regard sur les choses. Bien au contraire même, ai-je envie d'affirmer. Il est clair pour certains, que l'être qu'ils méprisent ne mérite aucun ami et devrait être banni de la société. Pour moi là n'est pas la question. De fait, je peux avoir comme amis des gens avec qui je suis en profond désaccord sur certains sujets, et ce serait une erreur que de croire que parce qu'ils sont mes amis je souscris à l'ensemble de leurs dires, de leurs actes, de leur œuvre.

- politique : Dieudonné ne m'a jamais intéressé politiquement, et je trouve pas plus mal que son sa tentative de parcours politique soit restée en berne, car il est bien meilleur en humoriste. Ceci étant je peux le rejoindre sur certains points, comme le fait que je trouve grandement critiquable la politique israélienne concernant la bande de Gaza. En ce sens j'ai trouvé son sketch du colon juif pertinent. Comme lui je considère qu'il y a un lobby juif, pour autant je ne considère pas qu'il faille absolument combattre ce lobby plus que les autres ( je n'aime pas les lobbies et les groupes de gens qui ne défendent que leurs intérêts, tout simplement ).

- les juifs : peut-on critiquer / se moquer des juifs ? Selon moi, tout le monde est critiquable et une moquerie, si elle n'est jamais agréable sur le moment, aide celui qui la subit à ne pas trop se prendre au sérieux si tant est qu'il ait un peu de recul et soit pas trop con. Quand à la critique, personne n'est parfait, on est tous critiquables, même les fanatiques juifs et les défenseurs du sionisme. D'ailleurs j'ai cru comprendre que la colonisation de la bande de Gaza est critiquée y compris par certains juifs et certains israéliens. Je suis pas sûr qu'il y avait proportionnellement autant de français à critiquer la colonisation de l'Indochine et en rire à l'époque. Ensuite il faut être logique : soit on critique tous les communautarismes religieux, soit on tombe dans le combat contre une communauté ciblée, exemple l'antisémitisme.

- Dieudonné en fait-il trop ? J'ai envie de dire que c'est extrêmement subjectif. Chacun aura sa réponse. Pour ma part je trouve que en effet, sur certains points il en fait trop, y compris sur scène. Sur le lobby sioniste principalement. Revenir encore et encore dessus c'est trop et ça tue le comique de répétition. D'une part parce que je ne trouve pas ses sketchs sur le sionisme et / ou les juifs comme étant les plus réussis de son répertoire, donc que ça ne mérite pas de rappel, d'autre part parce que les sujets autres ne manquent pas. Heureusement Dieudonné a d'autres centres d'intérêts que le sionisme dans ses spectacles. D'ailleurs j'adore ses accents et sa façon de camper des personnages très divers. La diversité c'est bien dans la vie, et c'est fun en spectacle, donc trop de juifs Faurisson lol cat X tue le juif Faurisson lol cat X. ( remplacez X par l'individu, l'animal, ou groupe d'individus, d'animaux de votre choix. )
( notez l'habile conclusion renvoyant à l'intro )

PS : je vous invite à écouter ce que Dieudonné affirme en Iran devant les caméras. C'est particulièrement intéressant pour voir qui il est derrière l'humoriste. Particulièrement décevant aussi pour un amateur de ses sketchs, lorsqu'il dit ce qu'il pense sans détour dans un pays où il ne peut être condamné pour antisémitisme. 

mercredi 18 décembre 2013

De notre langue

Je n'écris pas bien le français, mais je l'aime. Je suis médiocre en orthographe, en grammaire, malgré un vocabulaire plus étoffé que la moyenne des français. Bref j'aime la langue, j'aime les langues, même si elles ne m'aiment pas.
Ceci étant, est-ce que je veux une simplification alors que ma maîtrise linguistique est plus qu'approximative ? non. Parce que je ne suis pas pour le nivellement par le bas. Parce que lorsque je regarde un documentaire des 60's où l'on interview des jeunes français dans la rue, je me rends bien compte qu'ils s'expriment mille fois mieux que ceux de maintenant.
Alors c'est pas que je suis passéiste, que je suis dans le cétémieuavant, mais ce serait une escroquerie intellectuelle que d'affirmer que le niveau de notre langue maternelle n'est pas en chute libre. La faute à qui, à quoi, je ne sais pas. Tous les autres pays me semblent pas dans notre cas. Mais c'est dramatique.
Je me souviens alors que j'étais encore à la fac, d'un camarade venu des banlieues qui s'extasiait sur le parler des quartiers comme on dit. Où l'on ne dit plus cinéma, ni même ciné, mais "ness" et que c'est super.
Alors oui, la langue française n'étant pas une langue morte, il est normal qu'elle évolue.
Mais non, réduire le nombre de mots du langage de tous les jours, en en réduisant de surcroit le nombre de syllabes, revient à accepter d'oublier de parler, d'articuler, pour ne plus s'exprimer que comme des singes. OU AH BOU GRA. Super.
Mais je ne désigne pas comme coupable que les jeunes des banlieues. Non. Les cols blancs qui usent de termes anglosaxons à la mort-moi-la-bite comme "impacter" au lieu de dire influencer, affecter, engendrer, induire et j'en passe, sont tout aussi coupables de médiocrité verbale. Ils peuvent se foutre de Ségo et de sa bravitude, mais dire impacter sans savoir en exprimer l'idée dans sa langue natale c'est de la merde. Autant dire "truc" ou "stroumphement" à chaque phrase. Voilà.

Maintenant au sujet des disparités de niveau entre les gens, il est évident que lorsque je lis des messages avec des fautes si grosses qu'un enfant de primaire oserait à peine les faire, non seulement ça ne me donne pas l'envie de lire, mais en prime ça fait passer l'auteur pour un con. Clairement. Quitte à passer pour une personne arrogante. Et j'en viens donc à un autre point : trop bien parler, est parfois un inconvénient. En usant d'un langage châtié, même naturellement, l'interlocuteur qui n'y à pas accès peut se sentir insulté. Ainsi, s'il convient de parler justement parmi des cadres, il est préférable inversement de parler comme un illettré dans les quartiers un peu paumés. Et encore, je dis parmi les cadres, mais même parmi eux, il faut prendre garde de ne pas froisser les sensibilités en usant de mots qui laissent à l'interlocuteur une sensation de mal comprendre, et d'être pris pour un sot. Sans parler de la longueur des phrases... je ne le sais que trop bien, mes phrases sont trop longues pour 98,8% des gens et ne sont ni lues ni comprises, alors qu'elles ne me semblent pas si incompréhensibles que cela. Ajoutons quelques mots qui ne sont pas parmi les 500 du langage courant du crétin moyen, et me voilà ni lu ni écouté, encore moins entendu. ( ce qui est une faute de ma part si je ne me mets pas au niveau de mon interlocuteur, certes. )

Ceci étant, ce qui m'inquiète, c'est qu'il semble communément admit dans la pratique, que celui qui s'exprime comme un chef naturel - donc comme modèle, le fait avec peu de mots, des mots simples, des phrases courtes, directes, sans fioriture. Perso je trouve ça naze. Mais faut croire que c'est pas juste une mode, que c'est la base pour se faire obéir : des phrases simplifiées, sans équivoque. Sans même le mot "équivoque" dedans en fait. Sujet, verbe, complément. Quelques centaines de mots tirés des dizaines de dizaines de milliers possibles, pour être bien sûr qu'il n'y ait ni flottement ni zizanie dans les rangs de l'auditoire. Super. T_T

( donc non, il ne faut pas simplifier, sauf à accepter d'emblée de devenir nous-même un jour le tiers monde des pays en voie de développement devenus développés. )

PS : le langage dans sa complexité et sa richesse est la première chose qui nous distingue des autres animaux. Avoir une activité pour être en bonne santé, ou apprendre à programmer sans être foutu de savoir faire du feu et s'exprimer intelligiblement dans sa langue natale, c'est de la merde. Je le dis comme je le pense.
PPS : je laisse à d'autres le soin de développer sur des thèmes comme "on ne peut pas se connaître si on ne sait pas s'exprimer" ou "sans les mots il ne reste que la violence".