mercredi 10 avril 2013

Droit sinon devoir de réponse

Je repensais depuis plusieurs semaines à cet article que j'avais lu. Chronique from the Asylum, du Shinning's man, dans Metallian. J'achète en kiosque chaque numéro de ce magasine depuis qu'un pote m'a dit un jour de 1996, "tiens y a une nouvelle revue avec un CD excellent pour 18F" ... ou peut-être 16*. Je sais plus, mais c'était vraiment pas cher au regard de ce que certains CD coûtaient déjà. ( 160F Anthrax, fallait vraiment que je l'aime ce groupe... )

Mais revenons à nos moutons. Noirs.

Cela fait donc quelques années, que j'attends la sortie des Metallian, préférant aller au bureau de presse local quitte à demander à ce qu'il mette en rayon un nouveau titre. Plus longtemps encore, que je garde religieusement un vieux hors série d'un concurrent datant de 91 ou 92, de ce qui serait appelé ensuite le Big 4. Et je vous passe la joie que j'éprouve lorsque je mets la main sur une version authentique de l'édition française à la pochette verte de Ride the Lightning.

Seulement voilà, comme d'autres, je me suis mis au numérique. Pas que j'aime pas les vieux vinyles, je viens d'ailleurs vous dire le contraire. Juste que je suis plus un gamin qui peut acheter les Maiden, Metallica et autres Anthrax à l'aveugle. Seventh Son, le Black Album, Sound of a White Noise sont passés par là, apportant à leur sortie la petite amertume de constater que même les pointures ne me satisfont plus à coup sûr. Alors je me suis mis à traîner à la médiathèque, découvrant des perles pour une somme modique m'amenant à acheter une réédition numéroté de Satan Joker, enrageant lorsque je loupe en occasion un picture disc découpé de Megadeth parce que j'ai pas 8£ sur moi, et j'en passe... Maintenant ? Maintenant à la place je file écouter sur Youtube pour me faire une idée. Je découvre non moins émerveillé un Jaccob's Ladder, j'explore la toile, j'affine mes goûts au détour d'un lien contextuel. Et si ça me plaît vraiment, même que ça m'arrive de chercher une édition collector.

Acheter comme un dévot ce que le "bon" disquaire du coin a, n'est pas ma façon de faire. Avant, on avait les platines double k7. Déjà taxées au passage pour la SACEM. Même si on s'en servait pour s'enregistrer soi-même. Puis le CD-Rom, bien vite taxé lui aussi pour cette même raison, même si les détracteurs du droit à la copie privée oublient cela. Enfin le MP3, et sa capacité à délivrer du son dans nos oreilles plus vite que jamais. Plus vite dans nos crânes, plus vite dehors aussi. Fini l'époque où l'on pouvait se mentir sur la qualité d'un album pour se convaincre de pas s'être fait entubé de l'avoir payé. Fini aussi pour partie la découverte d'un groupe entres potes. Certes. Maintenant on avale d'une façon plus froide voir clinique ce que l'on découvre. On zappe, on exige d'être immédiatement pris en otage de ce que l'on écoute. Certains n'achèteront rien, combien tomberont sous le charme d'un groupe qu'ils fonceront voir en concert arborant avec fierté leur dernier T-shirt ?

Le téléchargement illégal tue l'industrie de la musique ? DE LA MERDE. L'industrie qui veut nous faire payer ce que l'on écoutera pas longtemps, peut-être qu'elle y passera et encore j'en suis pas sûr ce serait trop beau. La musique elle-même ? Il va me falloir de meilleurs arguments M. Kvarforth. Il est établit pour la culture d'une manière générale, que le public qui consomme, le fait par les différentes opportunités qui s'offrent à lui. Pas juste gratuitement ou illégalement. C'est vrai pour ceux qui fréquentent les bibliothèques, ils ont leur propre collection. Les cinéphiles avertis ne se contentent pas de la soupe déversée dans les multiplex, ils braveront les zones DVD pour avoir une édition introuvable, rôdant du bureau sur toutes les plates-formes de téléchargements qui passent... et les fans de musique sont-ils plus dociles envers les distributeurs ? La mauvaise plaisanterie que voilà. D'autant que le marché de l'occasion regorge de perles rares, de joyaux véritables... tous revendus sans que ni artistes ni les maisons d'éditions ne touchent un kopeck.

Vous trouvez qu'un album de qualité ( comprendre, qui mérite d'être acheté ) qui sort aujourd'hui est vendu à moins d'exemplaires qu'un Peace of Mind ou qu'un Symbolic ?  Sérieux ? Ben j'attends les chiffres. Et pas ceux des majors qui viennent avec leur larme de crocodile nous dire qu'ils sont en train de crever.

Notez qu'ils "doivent" avoir raison puisque la loi puni potentiellement plus sévèrement les pirates qu'une personne agressant gratuitement un passant l'envoyant à l'hosto. 3 ans de prison et 300000 € d'amende, encouru par les pirates, excusez du peu, y compris pour des œuvres qui ne sont plus disponibles dans le commerce.

Sur ce bonne réflexion avec cette "partie 2" officieuse en contrepoids de ce qu'un artiste aigri peut avoir à dire de pas réussir à vivre de son art sans à coté.

Benoît, 39 ans, obscur metalleux gaulois parfaitement inconnu.

*en fait 15F, numéro de juin 96.

Le ruisseau et la sardine

Le ruisseau s'ennuyait. Il n'y avait plus de poisson au cœur du cours d'eau.

Alors, il essaya d'étendre ses bras, mais ceux-ci avaient bien sur mal à traverses les villes et les grandes rues noires pour explorer les mares et les étangs.

Une nuit, alors qu'il rêvait à la compagnie qu'il trouverait - serait-elle une sirène ? - il entendit un rire. Un petit rire, léger et cristallin qui venait d'un bois non loin. Un petit rire de sardine et le ruisseau frémit de joie en écoutant cette voix. La surface de son eau ondulait comme bercée par le vent, suivit un ancien chemin. La sardine serait-elle là ?

la Terre, le Diable, et le Feu

"[...] et ainsi s'en reviennent les Gardiens qui nous préservent de l'Apocalypse."
Ou comment ceux qui bougent jamais leur cul pour descendre dans la rue contre les dictatures, se levèrent.

Car oui, c'est bien de ceux-là que je vais vous parler.
Ceux qui descendirent - ou montèrent, c'est selon - à Paris, le dimanche 13 janvier 2013.

À la base j'avoue, j'étais plutôt contre le mariage pour tous. Et l'un dans l'autre* j'avais sensiblement le genre d'arguments que les manifestants ont, quoi que sans moralisme ni avis aussi tranché. Le mariage c'est un homme une femme, c'est la norme, il y a d'autres dispositifs légaux par ailleurs, en gros.

Mais de voir ce petit monde bien propret marcher dans la rue non pas lutter contre la perte d'un droit, mais pour interdire qu'il soit partager avec des gens différents d'eux, m'a fait changé d'avis :

Au nom de quoi se faire un devoir de manifester pour qu'une communauté ne puisse avoir la vie la plus normale possible, avec les mêmes droits, les mêmes devoir ?

Cette marche contre le mariage gay et lesbien m'a énormément gêné. Pour ne pas dire choqué.
D'abord parce qu'il m'a renvoyé l'image de mon propre avis dans les dents. Celui que je pouvais avoir avant. Celui qu'une société m'avait amené à avoir depuis l'adolescence sur ce que l'homosexualité était tolérable mais non souhaitable. Une manière nonchalante de la rejeter derrière un "ils font ce qu'ils veulent c'est leur cul", sous-entendu "mais qu'ils viennent pas se bécoter devant moi" alors que l'on est beaucoup plus tolérant avec un couple homme femme.
Ensuite, parce que manifester pour que les homos n'aient pas le même mariage que les autres, n'est rien d'autre que de l'homophobie selon moi. Une façon de refuser d'être mis sur le même pied d'égalité, comme si c'était dégradant, comme si ça dévalorisait le mariage auquel ces manifestants tiennent tant. Il n'y a pas à tortiller : considérer que les homos ne peuvent avoir les mêmes droits et devoirs est homophobe. On peut toujours se cacher derrière le droit de l'enfant, ou argumenter qu'un gay peut se marier avec une lesbienne si ça lui chante, le mariage c'est l'union de deux personnes qui s'aiment. Considérer que c'est plus normal de se marier avec une personne de l'autre sexe sans l'aimer qu'avec la personne que l'on aime qu'elle qu'elle soit, est un combat d'arrière garde. Le genre de combat perdu d'avance que mènent les royalistes pour le retour de la monarchie, avec tout ce que cela suppose de privilèges des classes et de supériorités des valeurs passéistes sur l'évolution de la société.

Alors merci d'avoir manifesté, ça m'a ouvert les yeux sur le poids de mon éducation catho et le rejet de la différence qu'elle implique. Sur ce aimez-vous les uns les autres et bonne bourre !

* expression plutôt bien placée considérant le sujet, je suis pas peu fier. :)

PS : oui je sais le titre n'a à priori rien à voir. Ou pas. À chacun de faire en sorte que ce type de manifestations ne soit un pas de plus vers une nouvelle inquisition.